Le Covid-19 plafonne dans le monde
L'OMS constate un recul du nombre de nouveaux cas et de décès presque partout dans le monde. Un reflux encourageant en Afrique, Asie et Océanie. Le rebond de la pandémie constaté cet été en Europe s'essouffle aussi, sauf en Italie, Espagne et en France. Les Amériques représentent encore les deux tiers des morts chaque jour.
Le Covid-19 ralentit dans la plus grande partie du monde. A rebours, pour l'instant, des annonces de deuxième vague proférées depuis le début de l'été par nombre d'experts. Une évolution encourageante mais encore fragile : si les flux de nouveaux cas et décès déclinent régulièrement depuis fin juillet dans nombre de pays, d'autres ne bénéficient de ce reflux que depuis mi août.
Sur la cinquantaine de pays les plus durement touchés par le Covid-19, ils ne sont plus qu'une poignée où les flux de nouveaux cas augmentent encore depuis dix-quinze jours, selon les données de Johns Hopkins University, de worldometer et des autorités sanitaires nationales. La première vague infectieuse sévit encore clairement en Argentine, et une deuxième s'amplifie toujours au Maroc, en Tunisie, Corée du sud, Grèce ou Croatie, qui a enregistré mercredi un record depuis mai.
L'impact éventuel du tourisme
Les autres pays où le rebond de l'épidémie observée cet été ne faiblit toujours pas sont surtout la France, l'Italie et l' Espagne. Pointée du doigt par ses partenaires européens pour une situation présentée comme « hors de contrôle » en raison d'un quadruplement des nouveaux cas en un mois, l'Espagne a encore enregistré 3.600 cas mercredi, après toutefois des journées à 6.000 cas il y a trois semaines. L'Italie, pour sa part, a enregistré mercredi près de 1.400 cas, cinq fois plus qu'il y a un mois et au plus haut depuis mi mai. Le nombre quotidien de décès (une demi douzaine) et le nombre total de personnes hospitalisées (quelques centaines) y demeure toutefois très bas.
Cette progression au Maghreb ou dans les pays latins, malgré des politiques prophylactiques parmi les plus strictes du monde et la discipline des Italiens en ce qui concerne le port du masque, pourrait s'expliquer, comme en Grèce et Croatie, par les soudaines concentrations de populations dues au tourisme, bien que cette explication demande confirmation compte tenu, précisément, de l'atonie du secteur cette année.
Le cas français
La France, quant à elle, figure parmi les pays où le nombre de nouveaux cas quotidien se compte en milliers, et est le seul où il augmente depuis dix jours. Elle a enregistré mercredi un record depuis le 14 avril, de 5.400 cas, dix fois plus que mi-juillet, et presque trois fois plus que lundi. Un flux dépassé, en absolu, seulement par ceux enregistrés en Inde, Brésil et Etats-Unis. Ce qui a poussé la Belgique à imposer, mercredi, un isolement de quatorze jours à toute personne en provenance, notamment, d'Ile-de-France, ou des Bouches-du-Rhône. L'Allemagne impose un test et une quatorzaine à tout voyageur ayant séjourné en Provence ou région parisienne.
Ce rebond de plus en plus ample ne se traduit toutefois pas par une tension dans les services d'urgence, quarante jours après son début. Le nombre de décès quotidien plafonne à environ une quinzaine par jour, un centième du niveau observé au pic d'avril. Certes, le nombre de patients admis chaque jour en réanimation ou à l'hôpital a clairement augmenté depuis deux semaines, à environ une cinquantaine et près de deux cent cinquante, respectivement. Des flux deux fois plus élevés qu'au début du mois. Mais, paradoxalement, le « stock » de personnes hospitalisées (4.600) ou en réanimation (410) a repris son déclin, après dix jours de « panne », grâce à des flux robustes de guérisons. La prise en charge des malades s'est très nettement améliorée, les médecins ayant tiré les leçons du début de la pandémie, tant dans le dépistage précoce que la ventilation des patients en réanimation, ou les médicaments administrés.
Si cette progression peut s'expliquer en grande partie par l'adage « quand on teste plus on détecte plus, à épidémie constante », il n'en reste pas moins que le virus circule d'avantage ; la proportion de personnes testées séropositives au Covid-19 augmente.
L'OMS optimiste, pour une fois
En dehors de cette dizaine de pays, la tendance est rassurante désormais, au point que l'Organisation mondiale de la santé (OMS), pourtant peu avare en déclarations alarmantes ces dernières semaines, a salué mardi un déclin un peu partout dans le monde d'une semaine sur l'autre. Certes, les flux de cas demeurent élevés au Brésil et en Inde, mais y stagnent, voire décroissent légèrement désormais, tout comme en Allemagne, avec environ 1.400 cas par jour depuis mi-août, Indonésie, Philippines, Turquie, Canada, Pérou, Equateur, Israël, Pologne, Namibie et Ukraine (qui a décidé mercredi de fermer ses frontières jusqu'à fin septembre).
Et les courbes retombent nettement quasiment partout ailleurs dans le monde, notamment dans trente et un des cinquante pays les plus frappés. En Amérique, le sud et l'ouest des Etats-Unis, qui contribuaient grandement à l'alarmisme mondial début août, enregistrent un reflux de nouveaux cas et décès depuis dix jours, notamment dans les trois Etats les plus peuplés, Floride, Texas et Californie. Il en est de même au Mexique, en Colombie, au Chili, en Bolivie. L'ampleur de la première vague, tardive, de la pandémie sur ce continent est toutefois tel qu'il demeure responsable de la moitié des nouveaux cas et des deux tiers des décès enregistrés chaque jour dans le monde.
Amélioration en Asie, Afrique, Océanie
La pandémie ne sévit qu'à bas bruit désormais en Afrique, où elle a provoqué très peu de décès en raison de la jeunesse des Africains (moins de 5 % ont plus de soixante-cinq ans), et où les gouvernements n'ont quasiment pas confiné les populations. L'OMS a estimé mardi que « le pire est sans doute passé » sur le continent. Le reflux est rapide en Afrique du sud, qui concentrait la moitié des cas et décès recensés sur le continent. En Océanie, le Covid-19 ne circule quasiment plus, sauf en Australie, où les flux retombent depuis l'alerte à Melbourne. Reflux aussi un peu partout en Asie : Japon, Pakistan, Bangladesh, Thaïlande, Malaisie, Vietnam, mais alerte en Myanmar (Birmanie). De même, au Proche-Orient, l'Iran et l'Arabie saoudite, qui étaient confrontés à une deuxième vague, bénéficient d'un répit.
Enfin, les flux de nouveaux cas diminuent clairement dans tous les pays européens , sauf les Latins et l'Allemagne : Russie, Pays-Bas, Belgique, Portugal, Roumanie, Serbie, Bulgarie, Danemark, Slovaquie, Tchéquie, Suède, Suisse, Royaume-Uni. Dans tous ces pays, le nombre de décès est désormais extrêmement bas.
Yves Bourdillon
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